dimanche 7 décembre 2008

Les jeux du cirque

Bravo l’artiste


Au cirque.
Au milieu du numéro, étrangement, l’artiste sollicite les applaudissements du public. Il exprime clairement par le geste son souhait d’être ovationné par les spectateurs et encourage ceux ci à répondre à sa demande. Sa performance, honorable, n’a pourtant pas fait encore dans l’exceptionnel.
En même temps qu’il demande à être reconnu pour ce qu’il a déjà fait, il sollicite une sorte d’autorisation à continuer, un encouragement à aller plus loin ainsi que l’enthousiasme du public pour l’accompagner sinon pour participer à l’étape suivante de son numéro. « Voulez-vous que j’aille plus loin, êtes vous prêts à m’accompagner ? »
Il va tenter d’établir une communion avec le public à travers le partage d’un rythme commun, celui des applaudissements, de la musique.
Littéralement soutenu par les spectateurs sa performance va crescendo ainsi que le rythme des applaudissements ou de la musique. Sa performance devient celle du public.
A un certain moment le rythme stoppe, la musique s’arrête, la salle dans son entier est arrivée, à son point de non retour, public d’accord ou non, l’artiste, gonflé de l’énergie de tous, va accomplir tout seul son destin, il va tenter l’impossible. Les souffles sont suspendus. Le drame atteint son paroxysme, le public aura-t-il mis à mort l’artiste…avec son consentement ?
Rythme, sacrifice, catharsis ……..il y a là quelque chose comme une corrida…jeux du cirque !

J.L. Dumoulin 6/12/08
Jeanl.dumoulin@wanadoo.fr

vendredi 28 novembre 2008

L'ignorance clef de la connaissance

L’ignorance postulat de la connaissance par J.L. Dumoulin 28/11/08

« La philosophie moderne, une note au bas d’une page de Platon ? C’est ce qu’assurait le philosophe britannique Alfred Whitehead au début de ce siècle. Depuis, de Martin Heiddeger à Jürgen Habermas aucun des grands noms de la philosophie ne l’a contredit. » (Catherine Golliau dans « La Pensée Antique »-Tallandier).
Nouvel article de grande ou petite consommation, la pensée antique a le mérite de faire parler du but poursuivi par la philosophie ou les philosophes.

Un but de la philosophie serait de nous faire rentrer en relation avec ce qui est effectif mais qu’est-ce que l’effectif ? –
Ca serait aussi rechercher le Tout par opposition au parcellaire, à l’anecdotique. Mais « l’Homme étant la mesure de toute chose » (Protagoras), le philosophe va poser la question,- qu’est-ce que l’homme?-, question, qui remplacera celle, très primordiale aussi, du principe initial de la nature ? Philosopher serait donc aller vers « Soi », avancer vers le « connais-toi toi-même ». L’homme est-il alors à la fois, l’homme connaissant et, en lui-même, une « image du monde », reconstitue-t-il ainsi son unité originelle supposée de sujet et d’objet, échappe-t-il ainsi au temps, ce faisant, s’égale-t-il aux Dieux ?

Héraclite, philosophe grec de l’antiquité, avec ses « Nombreux » (entendez quelque chose comme la « masse ») dont il écrit « Ils entendent sans comprendre et sont semblables à des sourds. Le proverbe s’applique à eux : présents ils sont absents » et aussi dans une autre assertion de la même veine, toujours à propos des « Nombreux », « ils se semblent à eux-mêmes » prend le problème par le bout opposé et nous montre un homme ordinaire dans l’ignorance. Parménide et Empédocle, en philosophes grecs présocratiques, suivront Héraclite sur ce terrain et Platon inscrira au frontispice de son académie « Nul n’entre ici s’il n’est géomètre ».
Comment se traduit cette ignorance ? Il semble que l’homme ordinaire, le non-philosophe, s’en tiennent aux sensations et les prennent pour vrais, il en reste ainsi à l’immédiat, il ne « médiatise » pas l’instant et la sensation qui l’accompagne. Sa vie mentale serait un fleuve tumultueux, une sorte de chaos dont rien d’ordonné ni de « construit » n’émerge.
Ainsi l’homme ordinaire est-il ballotté par ses opinions. Beaucoup plus près de nous, un grand épistémologue écrira dans un registre proche :
« … du point de vue de la connaissance commune….l’objet localise un nom dans un vocabulaire plutôt qu’une chose dans un univers. ». Pour Bachelard l’objet/la chose pensé par l’homme vulgaire est un mot en suspension, il n’appartient pas à une grammaire articulée/ ou langage formalisé de mots/symboles/concepts permettant de figurer un univers.
Bien entendu cette notion d’homme vulgaire n’a pas cours chez Bachelard, celle de connaissance commune, si. On objectera sans doute que l’on passe ici au niveau du ou des langages, l’hypothèse de la faculté du langage chez les « Nombreux » sera donc retenue. Se trouve pointer ici avec Bachelard une différence de mode de connaissance et non une différence de mode d’être comme chez Héraclite (« Ils se semblent à eux-mêmes ») ou Platon (ceux qui sont géomètres et les autres).
L’épistémologue Hervé Barreau va plus loin et exprime, à sa façon, cette idée, somme toute évidente que l’homme ne saurait être découpé entre d’une part sa « vulgarité », son appartenance aux « Nombreux » et d’autre part sa « part d’Etre » capable d’avoir accès à une forme de connaissance plus élaborée sinon plus élevée :
« Le premier principe, c’est que les schémas de la connaissance commune ne cessent pas d’habiter l’esprit des scientifiques.
…Il est bien certain qu’un esprit inventif ne doit pas sans cesse faire la police de son esprit ; ce serait la meilleure façon de ne rien inventer du tout. »
Kurt Gödel , le plus grand mathématicien/logicien du XXième siècle, va plus loin et cité par Pierre Cassou-Noguès, écrit :
« Avec chaque formalisation, il y a des problèmes que l’on peut comprendre et exprimer dans le langage ordinaire mais que l’on ne peut pas exprimer dans ce langage formel. Il s’ensuit …. que les mathématiques sont inexhaustibles : il faut toujours, à nouveau revenir à la « fontaine de l’intuition ».
Ainsi, d’une certaine façon, le langage ordinaire peut permettre d’aller plus loin que le langage formalisé, un logos perfectionné auquel Platon aurait sans doute souscrit, lui qui voulait que l’esprit s’ouvre et s’éduque d’abord par les sciences et les mathématiques.
Certes Hervé Barreau nous parle d’un homme ayant un esprit inventif dont on pourrait dire qu’il n’est pas l’apanage « des Nombreux ». Quand à Gödel, qui à la fin de sa vie ne se nourrissait plus que de beurre, il nous démontre, comme beaucoup d’autres, que la quasi folie fait plus pour l’Epistémée, le savoir, que le logos. Les « Nombreux » ne sont donc pas « fous » mais les philosophes le sont-ils ?
On objectera que l’on est là dans l’épistémologie, la philosophie de la connaissance…. qui peut mieux nous parler de l’ignorance que ceux qui réfléchissent sur la connaissance ?

Revenons maintenant plus près de notre « définition » initiale du but de la philosophie qui prend pour point de départ cette sorte de maladie de l’homme qu’elle appelle « ignorance ». Cette « idée d’ignorance » n’est pas propre aux présocratiques ou à Socrates ou à Platon .
L’Inde a développé de telles idées, elles ont été abondamment publiées, je m’en tiens à l’ouvrage de Mircéa Eliade, « Patanjali et le Yoga » dont deux citations suivent

Page 18
(Pour le Sâmkhya et le Yoga), le monde est réel (il n’est pas illusoire,[ comme il est, par exemple, pour le Vedânta]).

Page 23
Non pas n’importe quelle ignorance, mais seulement l’ignorance de la vraie nature de l’esprit, l’ignorance qui nous fait confondre l’esprit avec l’expérience psycho-mentale, qui nous fait attribuer des « qualités » et des prédicats à ce principe éternel et autonome qu’est l’esprit ; bref, une ignorance d’ordre métaphysique.

Bien évidemment cette expérience psycho-mentale ce sont les sensations dans l’immédiateté et ce fleuve désordonné des pensées dont il était question plus haut, alors que l’esprit c’est le Soi du « connais-toi toi-même ». Ce Soi auquel on accède par la contemplation de son propre mode d’être , on est ici au plus près de Socrates. Ce Soi, dans le Sâmkhya, il est inexprimable, d’une passivité éternelle sans désir mais aussi d’une liberté éternelle . Ce Soi-Esprit de la philosophie du Sâmkhya « connaît » et est dans une relation harmonique préétablie avec l’ « intelligence », forme la plus raffinée de l’activité psycho-mentale. Ainsi, via cette relation harmonique, l’homme possède un registre de connaissance transcendantale que Platon homologuera au régime de la réminiscence et qui classiquement est associé à l’idée de connaissance « innée ». Dans ce courant de pensée Indien du troisième siècle de notre ère, il y en a des centaines d’autres, la connaissance est la voie du salut, plus,… de la délivrance de l’homme, un but qui surpasse et de loin, le but de « vérité », je serai tenté de dire de « véracité » des philosophes Grecques dont les points de départ sont somme toute proches.

Dans le texte suivant l’auteur, Mircéa Eliade, généralise le terme d’ignorance et y renvoie même ceux qui font métier de savoir :
…« On dépasse, en d’autres termes, la condition temporelle et la suffisance obtuse qui est le lot de tout être humain par le simple fait que tout être humain est « ignorant », c'est-à-dire qu’il s’identifie, lui, et identifie le Réel, avec sa propre situation particulière. Car l’ignorance est en premier lieu cette fausse identification du Réel avec ce que chacun d’entre nous paraissons être ou paraissons posséder. Un politicien croit que la seule et vraie réalité est la puissance politique, un millionnaire est convaincu que la richesse seule est réelle, un érudit pense la même chose de ses recherches, de ses livres et de ses laboratoires, et ainsi de suite. La même tendance se retrouve également chez les moins civilisés, chez les « primitifs » et les « sauvages ». Avec cette différence, que chez eux, les mythes sont encore vivants et, par conséquent, les empêchent de s’identifier complètement et continuellement avec la non réalité. La récitation périodique des mythes brise les murs élevés par les illusions de l’existence profane. Le mythe réactualise continuellement le Grand Temps et ce faisant projette l’auditoire sur un plan surhumain et surhistorique qui, entre autres choses, permet à cet auditoire d’approcher une Réalité impossible à atteindre sur le plan de l’existence individuelle profane. »

Peut-être trouve-t-on dans ce texte la raison pour laquelle Socrate et Platon, tout en dénonçant la mythologie, forgent et utilisent le mythe comme instrument de démonstration/illustration philosophique. Plus important nous voyons là la confirmation que seule une forme de transcendance dont les modalités peuvent varier du mythe à l’inspiration artistique ou mathématique voir à une certaine folie peuvent permettre d’échapper à la « stupidité » et pour les plus doués ou les plus persévérants d’accéder à une certaine connaissance.

mardi 18 novembre 2008

Le Surnaturel

Penser le surnaturel Sorbonne 2008/2009
Serge Tribolet Psychiatre des hôpitaux, Docteur en philosophie
(notes et adjonctions de J.L. Dumoulin)


Introduction

Penser le surnaturel, ce n’est pas aller vers l’irrationnel, c’est mener une réflexion fondée sur le réel même si Hegel a dit « ce qui est réel est rationnel et ce qui est rationnel est réel ».
Pascal lui dénonce 2 attitudes extrêmes, exclure la raison et n’admettre que la raison (« il n’y a rien de plus conforme à la raison que ce désaveu de la raison… » ).
Spinoza rejette avec force toute idée concernant l’existence d’esprits, spectres, visions et autres « niaiseries »….Il rejette également l’idéalisme de Socrate et Platon, lui préférant la pensée de Démocrite…
Le surnaturel ne s’inscrit pas dans un domaine particulier mais dans une certaine perspective qui peut s’étendre à tous les domaines. On évoquera ainsi le surnaturel, en médecine (psychiatrie), dans la littérature (la poésie), la linguistique (naissance de l’écriture), les mathématiques, la physique…
Prenons l’exemple de la psychiatrie et plus spécifiquement de l’hystérie. L’hystérie est une manifestation que la science positiviste ne comprend pas, elle qui privilégie le comment au pourquoi. Les particularités de l’hystérie sont les suivantes :
- absence d’organicité dans les symptômes, par exemple perte de la vue sans aucune affection ou lésion
- absence de logique anatomique ou physiologique, par exemple paralysie sans implication du système nerveux.
-les symptômes affectent des organes de relation/ de communication avec les autres
-« la belle indifférence » du « malade » à ses symptômes, « il s’en fiche »
-la complaisance somatique, le « choix » du symptôme est orienté par une fragilité préexistante, par exemple paralysie des jambes survenant après une fracture
-théâtralisme (mise en scène inconsciente), les symptômes cessent dès qu’il n’y a plus de spectateur.
L’hystérie a conduit Freud à la notion d’inconscient.
L’inconscient n’est réductible ni à la biologie, ni à la psychologie ni au social. Il ignore la mort et ne répond à aucune catégorie spatiale. Sa spécificité est autre et demande à ce qu’ une autre porte soit ouverte, celle de la surnature de l’homme dans laquelle se situent la foi, l’art, la folie… .Socrate dont la maïeutique anticipe la psychanalyse distingue dans Phèdre 4 espèces de délires divins qui s’associent à cette surnature de l’homme. Après avoir écarté 2 types de délire d’origine organique dont l’ivresse, il distingue :
le délire prophétique, la divination, relié à Apollon en son sanctuaire de Delphes
le délire initiatique dont le Dieu tutélaire est Dionysos (les ménades…)
le délire artistique avec les Muses
la folie amoureuse sous l’emprise d’Eros

I – Le mythe, les mythes

Apollon, Dionysos, les Muses, Eros….nous renvoient à la mythologie grecque. Qu’est-ce qu’un mythe ?
La philosophie prend constamment ses distances par rapport au mythe et pourtant il existe une grande proximité entre les deux.
Le mot mythe prendra son sens actuel à partir de Platon. Le mythe est le récit d’une histoire transmis de génération en génération dont le contenu repose sur des faits non- vérifiables ou non-avérés. Au sens moderne le mythe est une sorte de fiction à laquelle certains peuvent incliner à croire. Autant le mythe est pour le moderne quelque chose de « faux » autant il est possible de montrer qu’il n’y a rien de plus vrai que leurs mythes pour les populations dites « archaïques » (Mircea Eliade). Platon, pourtant contempteur de la mythologie, va dans ce sens, « les mythes, il faut croire ce qu’ils racontent ».
Le mythe ne se situe pas dans le domaine de la véracité des faits. Cette véracité n’intéresse ni les artistes, ni les philosophes, J.J. Rousseau écrira : « commençons par écarter tous les faits.. ». Alors que la vérité adresse l’infini, la véracité ne trace que des faits limités et contingents.
A côté des « mythes » modernes, les mythes anciens subsistent dans notre vie de tous les jours sous des formes dégénérées et dans des mots que nous utilisons quotidiennement et qui trouvent leur source dans la mythologie gréco-romaine, Il en va ainsi, par exemple, de narcissisme, panique, médusé, océan, psychisme, iris, titanesque, minerve, priapisme, aphrodisiaque, nymphomane, hermétique, échographie, cerbère, martial ….
Le mythe renseigne les hommes sur la nature, phusis. Le mythe atteste que quelque chose existe bel et bien, une chose, un animal, un événement, les saisons… un astre, une constellation, le monde… dont les manifestations sont consistantes et durables. En ce sens le mythe fonde et en même temps explique la nature, l’expérience humaine. Le monde n’est pas illusoire et ses manifestations ne sont pas transitoires. Les mythes parlent du pourquoi en disant le comment .Ce faisant ils pérennisent le monde aux yeux d’hommes « primitifs » éprouvant avec acuité la précarité de leur existence et lui donnent un sens.
Le mythe atteste de l’origine du monde (mythe cosmogonique) ou de l’apparition de la vie, de l’homme et de sa destinée (mythe de création). Il apaise les interrogations, les craintes que l’homme « primitif » nourrit à l’égard de ce qui l’entoure et de son propre sort. En ce sens les philosophes présocratiques continueront son oeuvre. Il s’agit pour eux d’apprendre la réalité, la vérité à travers l’étude et la réflexion sur la nature, pour eux le « savoir est extérieur ».
Socrate, lui, non seulement dira que l’homme connaît à partir de l’intériorité, c’est la priorité au « connais-toi toi-même » mais aussi qu’il faut mettre les mythes de côté , que la philosophie commence quand les oracles se taisent, que l’esprit se réfléchit sur lui-même et (qu’alors)les Dieux se taisent.
Cependant, paradoxalement, Platon dans son « Phèdre » et avec lui Socrate fait un retour vers le présocratisme et exprimera sa pensée sous forme de mythe. Si dans une première partie du texte il énonce un discours très rationnel concluant que l’amour, en tant que passion, est mauvais car c’est un obstacle sur le chemin de la philosophie ; dans la deuxième partie du texte, réalisant qu’il a blasphémé vis-à-vis du Dieu de l’amour il tient un discours élogieux sur Eros, célèbre l’immortalité de l’âme et « dit » le mythe des 2 chevaux ailés, l’un blanc, l’autre noir.
Dans Phèdre Platon célèbre la nature en tant que lieu sacré et nous parle de l’esprit des lieux, la nature a une âme. Le site et le Dieu qui l’habite précède l’édification du temple qui lui sera dédié, de même que l’oracle, en tant que site, est résidence du Dieu. Lorsqu’on se tourne vers les origines, la nature est le texte du message divin, le savoir est alors bien extérieur. Dans Phèdre Socrate effectue un parcours spirituel, remontant, à l’heure sacrée, le cours du ruisseau vers sa source, reprenant le mythe des cigales et écoutant le platane divin renonce à la philosophie et approche de la transe dont il fait l’éloge en tant que don des dieux.

Le mythe apparaît ainsi comme un vestige d’une ancienne connaissance, d’une sagesse antique cryptée. En termes modernes on parlera d’une pensée aliénée par le Dieu et la nature par rapport à une pensée autonome à l’homme lui-même.
Par opposition la philosophie, pour Platon, est une réminiscence, celle d’une âme qui a connu les « intelligibles » dans un autre monde et qui revient sur terre et se rappelle.
Dans la philosophie socratique et le « connais-toi toi-même, l’oracle est intérieur et propose des questions qui sont autant d’énigmes. La plus fondamentales d’entre elles étant celle de la pensée réflexive : « je pense que je pense que je pense que je pense…. ». Dans une telle suite, comme avec deux miroirs qui sont face à face le regard et la pensée se perdent vers un point de convergence aveugle sur lequel… le mythe se tient.
Ainsi, la philosophie prend constamment ses distances par rapport au mythe et pourtant il existe une grande proximité entre les deux.
Cette proximité en engendre d’autres et c’est la raison pour laquelle Platon a écrit « pour nous, c’est Dieu qui doit être la mesure de toutes choses » en opposition à la célèbre assertion de Protagoras ; Saint Augustin lui nous dit «crois et tu comprendras, la foi précède et l’intelligence suit ».
A la fin du « Banquet », au chant du coq, Socrate nous dit « sortons », comme dans « Phèdre » il nous dira « allons marchons ».


II- La divination


Les « Anciens » avaient le même mot pour la divination et la folie (manteïa et mania).
Socrate a déclaré que « c’est sous l’emprise de la folie que les prophétesses de Delphes ont le plus rendu service à la Grèce ».
La divination est omniprésente dans la culture Gréco-romaine. Elle est censée pallier aux insuffisances de l’esprit humain en lui permettant de connaître ce qu’il ne peut connaître par ses propres forces. Elle s’étend non seulement à l’avenir mais aussi et peut-être encore plus au présent et au passé. Il s’agit de connaître la volonté des Dieux.
L’omniprésence de la divination est attestée par la racine d’un nombre considérable de nos propres mots d’origines gréco-latines. On retrouvera des racines dont le sens est lié à la divination dans des mots tels que, par exemple, fortune, sortir, oiseau, bonheur, divin, temple, sinistre, désir, foyer, manie, enthousiasme, obscène……
D’une certaine façon la divination antique s’associe à une démarche de type « scientifique » dans la mesure où Pythagore définit la science comme « la faculté de voir les signes octroyés par les Dieux aux hommes ». Or l’oracle est la réponse donnée par un Dieu à une question. Cette réponse est souvent énigmatique et en tant que signe nécessite une interprétation.
Il faut donc aussi développer une certaine « science » de la divination.
Si les réponses des Dieux sont collectées aux oracles (désignant dans ce sens le lieu où tel Dieu « parle ») par une pythie (de Delphes par exemple) ou une sibylle (d’Erythrée ou de Cumes en Italie…), les Dieux peuvent aussi s’exprimer par d’autres formes de signes,
dans les songes,
par le vol des oiseaux ( ornithomancie),
par des tremblements de terre (pour exprimer leur colère),
par des signes célestes ( éclipse de soleil ou de lune…),
par les éclairs, orages, météorites….
L’oracle peut être rendu par le son du feuillage d’un arbre ou le bruissement d’une source.
Sont également des signes envoyés par les Dieux des sons tels l’éternuement ou le hoquet .

La collecte des signes divins servant à divination peut revêtir encore d’autres modalités, comme l’observation des viscères d’animaux sacrifiés ou à partir d’un passage de livre ouvert au hasard, tels sont les oracles dits de Virgile prononcés en ouvrant un ouvrage de cet Auteur.

La divination suppose un devin. Le devin a un savoir précis. Il distingue les signes et les interprète en signification, présages.. C’est un « technicien » (… par rapport à la pythie) ; il disposera d’un manuel d’interprétation des présages, certains, les chresmologues, diffuseront des recueils de signes et d’oracles.
La divination dans l’antiquité se fonde sur l’idée de l’organisation divine du monde, impliquant une complète harmonie ou symétrie entre les différents éléments du cosmos tels que matière/esprit, ordre cosmique/destinée humaine….Le moteur et la finalité de cette harmonie c’est la beauté qui est étroitement associée au Bien, c’est ce qu’exprime le mot cosmos par lui-même.

mercredi 8 octobre 2008

Multivers,avant le big bang

(Article en cours de rédaction)J.L. Dumoulin octobre 2008

Dans son entretien avec moi( voir articles du 31 août et du 8 octobre) , Bob Heikes décrit les conditions dans lesquelles, pour lui, l'univers apparaît, l’énergie zéro-point,l’énergie qui reste quand le nombre de quanta est zéro. Il semble que cette énergie ne puisse pas être détectée. Il voit la situation à « l’époque de Planck » simplement comme un océan de « zéro-point » particules. L'état de moindre énergie est toujours l'état naturel ou l'état final d'un système. Et le principe d'incertitude d'Heisenberg indique que "rien" ne peut exister .Le vide devient vide quantique et il connaît des fluctuations énergétiques.Ce vide quantique nous évoque des passages de Saint Augustin ( Les Confessions vers 400 AD):
"ce n’est pas non plus une chose qui soit sensible…..en ce (qu’elle) est invisible et sans nulle forme…. que (l’esprit de l’homme) sache qu’on la connaît en l’ignorant, et qu’on l’ignore en la connaissant, parce que tout ce qu’on peut savoir d’elle est plutôt ce qu’elle n’est pas que ce qu’elle est." Intuition de la physique quantique ( début 20ième siècle)...
Saint Augustin ajoute, en s'approchant très près des conceptions actuelles du vide quantique :
"Ce n’était pas toutefois un pur néant, mais c’était une certaine chose informe qui n’avait aucune beauté."
"Alors je commençais à entrevoir que ce passage d’une forme à une autre se faisait par je ne sais quoi d’informe qui n’était pas un pur néant
Certes je dirais s’il était permis, que c’est un néant, qui tout ensemble est et n’est pas : toutefois il fallait qu’elle fût en quelque sorte pour être capable de recevoir ces formes visibles et si agréables."
Pourquoi Saint Augustin nous parle-t-il de "beauté", "d'agréable", parce que la racine de Cosmos signifie beauté, nous la retrouvons dans "cosmétique".
Puis,la réflexion de Saint Augustin intègre l'émergence du temps
"Et c’est dans ce monde que la mutabilité commence à paraître, et que l’on y peut remarquer et compter les temps, parce qu’ils naissent des changements qui arrivent dans les choses, selon que ces formes qui ont eu pour matière cette terre invisible dont j’ai parlé, s’altèrent ou se changent en elles.
…parce que rien n’arrive ni ne se passe où il n’y a ni forme ni ordre : et où ces changements ne se trouvent point, il n’y a ni jours ni intervalle de temps."


Expérimentalement le vide quantique sous l'impulsion d'une énergie extérieure peut transformer ses fluctuations en matière.Au temps de Planck cette énergie est apportée par l'inflation de l'univers qui modifiant les propriétés géométriques genère cette énergie et crée de la matière.Comme le dit Bob, la masse se forme à partir de rien.Son expérience par l'esprit sur les 2 particules infiniment éloignées puis qui se rapprochent est parlante, elle montre comment la conservation de l'énergie implique l'apparition de matière.Plus profondément cette apparition de matière,suggère Bob, ne va pas sans temps/espace.Pour lui c'est la formation d'un trou noir qui "gère" l'ensemble du phénomène lequel implique le postulat de l'existence de quanta d'espace/temps, c'est à dire d'un espace/temps discontinu qui sera partie prenante dans l'expansion de cet univers.Là encore Saint Augustin le pressent et même "invente" le quanta de temps:
"Si donc on peut concevoir quelque temps qui ne puisse être divisé en aucunes parties, quelques petites qu’ elles puissent être, c’est là seulement ce que l’on doit nommer un temps présent : et ce temps présent passe du futur au passé avec une si extrême rapidité, qu’il n’a pas la moindre étendue par le moindre retardement ; car s’il en avait, on le pourrait diviser en passé et en avenir."
"Il est vrai que ce qui est informe et qui peut se dire presque rien, ne peut aussi y (aux révolutions du temps) être sujet."
La conclusion de Bob n'est pas également sans rappeller un texte de la mythologie hindoue, Bob déclare:
"Je crois...qu’en un certain point, une fluctuation peut se produire, laissant un, ou plusieurs, quanta d’espace-temps se développer. Cela évoque tout à fait la désintégration spontanée d'un atome d'U235, il n'y a pas de variation nette de l'énergie entre l'état qui précède et l'état qui suit la désintégration.
Ce sont ces événements associés à un trou noir qui sont à l’origine de la période de l’inflation d’où une expansion énorme et le Big Bang !!!! C’est là la vraie origine de l’univers.
Après avoir consacré tant d'effort à comprendre notre univers, nous nous trouvons mainte-nant dans l'obligation de nous poser la question de savoir s’il n'y a pas d'autres univers. En fait, il n'y a aucune raison logique pour laquelle le même processus ne se serait pas déjà produit maintes et maintes fois.
Et en fait, je crois que cela s'est déjà produit et que ça va continuer à se produire encore. Nous sommes seulement dans l’univers que nous connaissons."
Et voici maintenant ce texte du "Brahmavaivarta Purâna" :
« Mais qui estimera le nombre des Univers, chacun ayant leur Brahma et leur Indra ? Au-delà de la plus lointaine vision, au-delà de tout espace imaginable, les Univers naissent et s’évanouissent indéfiniment. Comme des vaisseaux légers, ces Univers flottent sur l’eau pure et sans fond qui forme le corps de Visnu. De chaque pore de ce corps, un Univers monte un instant et éclate…. »

La vraie origine de l'univers, big bang et multivers

J.L. Dumoulin s’entretient avec Robert Heikes( 2ième partie)


(Robert Heikes est un savant de réputation internationale, élève d’Enrico Fermi, il est docteur en Physique d’une prestigieuse université Américaine et a été, entre autres, Directeur de recherche dans des Observatoires astronomiques de pointe, il vit actuellement dans le sud de la France et est le promoteur de postulats révolutionnaires tel que de celui la quantification de l'espace-temps)


C'est la seconde partie de l'article publié le 31 août 2008 sur ce blog et que vous pouvez consulter dans les messages d'août, "La connaissance scientifique est fondée sur une succession de postulats" (J.L. Dumoulin et Robert Heikes). J' y ajouterai bientôt un commentaire à la lueur de théories homologues telle celle exposée par exemple par Edgar Gunzig.


JLD. Je suppose que ce sont ces postulats qui t’ont conduit à une réflexion approfondie sur
la nature même de l’univers, de ce qu’il contient…éventuellement de ce que nous appelons la matière.

RH. Une réponse oui et stupéfiante mais dont on devra tirer des prévisions de résultats à valider avant qu’elle ne rejoigne la connaissance scientifique. Mais n’allons pas si vite.
Nous savons tous qu’il y a deux théories fondamentales, la Mécanique Quantique et la Relativité Générale et chacune d'elles a passé tous les tests sans relâche au cours des 100 der-nières années. Ces deux théories n’ont jamais été confrontées l'une à l'autre.
Pour y parvenir, j’essaye de caractériser un « domaine » où les 2 théories sont chacune à leur limite d’applicabilité.
Pour faire cela, nous devons prendre en compte les principes fondamentaux qui régissent ces deux disciplines. Ce sont le principe d'incertitude de Heisenberg pour la mécanique quantique et le trou noir pour la relativité générale.
D’abord le principe d’incertitude de Heisenberg. Il s’énonce ainsi :
Δ(énergie) x Δ(temps) ≥ ħ
C'est-à-dire, toute mesure de l'énergie présente une incertitude, Δ, et multipliée par l’incertitude, Δ, de la mesure de temps aura une valeur égale ou supérieure à ħ. Nous ne pouvons tolérer aucune violation de cette relation. C’est un résultat direct de la Mécanique Quantique.
Maintenant, il y a aussi la condition du trou noir pour la Relativité Générale. Elle indique qu'un trou noir doit se former s'il s'avère qu'un corps de rayon R obéit à la relation
R = GM/c^2
Cette formule signifie qu’on ne peut avoir aucune information en dessous d’un rayon R. Rien ne peut sortir d’un trou noir !
Calculons maintenant les valeurs de LPlanck (qui représentent R) et MPlanck dans les conditions limites d’applicabilité des deux théories, nous obtenons
LPlanck = R = (ħG/c^3)^1/2 ≈ 10^-33 cm
MPlanck = (ħc/G)^1/2 ≈ 10^-5 g
Nous constatons qu'avec cette masse et ce rayon, nous avons un trou noir ! (avec Constante gravitationnelle : G ≈ 6 x 10^-8 cgs, Vitesse de la lumière : c ≈ 3 x 10^10 cm/s la Constante de Planck : ħ ≈ 6 x 10^-27 cgs)
Quant au temps de Planck, il vaut :
tPlanck = (ħG/c^5)^1/2 ≈ 10^-44 sec
Autre conclusion stupéfiante, ce trou noir a une durée de vie tPlanck .
JLD. Fascinant mais un jour tu m’as dit qu’au commencement il n’ y avait ni temps ni matière ni espace. Alors, comment l’univers a-t-il pu être formé ? D’où vient la matière, d’où vient la charge électrique, d’où vient le proton ? D’où viennent les électrons et les photons ?
RH. Je propose une équation du type :
Rien = quelque chose − quelque chose
C’est pour moi l’équation fondamentale de l’existence de l’univers. C’est une conséquence de la conservation de l’énergie.
Je vais te montrer que, sur la base de la physique communément acceptée, il est parfaitement possible que quelque chose puisse se créer à partir de rien.
Tout d'abord, et c'est un principe accepté en physique, l'état de moindre énergie est toujours l'état naturel, l'état final d'un système.
Rien ne peut être instable.
Mais à quelles énergies devons-nous nous intéresser ? Nous devons évidemment considé-rer l'énergie de masse d'un corps, qui est nécessairement positive.
Toutefois, une autre énergie est associée à la masse, il s'agit de l'énergie potentielle de gravitation. Je vais montrer que cette énergie est négative.
Considérons deux particules de masse m au repos, séparées par une distance infinie. L'énergie cinétique totale est nulle. Le potentiel énergétique gravitationnel lui aussi est égal à zéro, puisqu'à une distance infinie il n'y a pas d'interaction, autrement dit la force gravitationnelle est nulle. Ainsi l’énergie totale est nulle.
Laissons maintenant les deux particules se rapprocher sous l'effet de la force de gravitation. Elles vont acquérir progressivement de l'énergie cinétique. Mais l’énergie totale doit rester constante, elle doit se conserver et donc rester égale à zéro. Ceci veut dire que, pour pouvoir compenser l'énergie de masse et l'énergie cinétique qui sont positives, l'énergie gravitationnelle doit être négative.
A ce stade, tout ce qui est nécessaire, c'est que l'énergie gravitationnelle négative soit aussi grande que l'énergie cinétique. La masse se forme à partir de rien.
JLD. Cependant la relation d’incertitude d’Heisenberg, ΔE x Δt ≥ ħ, nous indique que « rien » ne peut exister, alors ?
RH. Deux idées à ce sujet. En premier lieu, j’ai parlé tout à l’heure de l’analyse des conditions limites d’applicabilité de la Mécanique Quantique et de la Relativité Géné-rale
Nous savons de la Mécanique Quantique que les variables, comme l’énergie, la quantité de mouvement, etc., doivent être quantifiés. Mais quelle est la quantité principale pour la Relativité Générale ? Oui, c’est l’espace-temps !
L’analyse précédente montre qu’il pourrait y avoir certains « quanta » de temps et d’espace. Et en définitive, cela pourrait nous mener vers la quantification de l'espace et du temps.
Nous pouvons considérer que les quanta d'espace sont des unités de (10^-33x10^-33x10^-33) cm3 et que les quanta de temps sont quelque chose comme 10^-44 secondes. Les dimensions de Planck.
L’espace et le temps ne sont pas continus !!
En second lieu, j’emprunterais un des principes de la Mécanique Quantique, l’énergie zéro-point. C’est l’énergie qui reste quand le nombre de quanta est zéro. On a quelque chose comme
E ≈ (n + ½) x ħ
L’énergie-zéro point peut être caractérisée par n = 0, laissant la zéro-point énergie de 1/2ħ. Il semble que cette énergie ne puisse pas être détectée.
Nous traitons la situation à « l’époque de Planck » simplement comme un océan de « zéro-point » particules.
JLD. Robert, ta conclusion…
RH. Je crois que les quanta d’espace et de temps peuvent apparaître et disparaître continuellement qu’en d’autres termes, au niveau microscopique, ni l’espace ni le temps ne sont continus,
que l’espace (10^-33x10^-33x10^-33) cm3 contenant une mass 10^-5 g est un trou noir. Cela signifie qu'un trou noir se forme et se détruit en une durée de 10^-44 secondes,
qu’en un certain point, une fluctuation peut se produire, laissant un, ou plusieurs, quanta d’espace-temps se développer. Cela évoque tout à fait la désintégration spontanée d'un atome d'U235, il n'y a pas de variation nette de l'énergie entre l'état qui précède et l'état qui suit la désintégration.
Ce sont ces événements associés à un trou noir qui sont à l’origine de la période de l’inflation d’où une expansion énorme et le Big Bang !!!! C’est là la vraie origine de l’univers.
Après avoir consacré tant d'effort à comprendre notre univers, nous nous trouvons maintenant dans l'obligation de nous poser la question de savoir s’il n'y a pas d'autres univers. En fait, il n'y a aucune raison logique pour laquelle le même processus ne se serait pas déjà produit maintes et maintes fois.

Et en fait, je crois que cela s'est déjà produit et que ça va continuer à se produire encore. Nous sommes seulement dans l’univers que nous connaissons.
Et il est évident que si l’on suit cette logique les univers n’auront jamais de fin. Des nouveaux mondes vont continuer à se développer sans cesse.

mardi 7 octobre 2008

De la Grande Ourse à la constellation de la Vierge

Voici la troisième et dernière partie de notre article "Du ciel du Luberon en Provence: Catastérisme. La description des constellations présentée ci-dessus est celle donnée par Eratosthène, le grand savant d'Alexandrie et Directeur de la Bibliothèque de cette ville. Elle peut contredire d'autres versions existantes sur les origines mythologiques des constaellations.



De quelques constellations

La Grande ourse

La Grande Ourse est la Constellation la plus connue de l’hémisphère nord. Quelque soit la saison, la Grande Ourse demeure visible la nuit par ciel dégagé. Jamais elle ne se couche ni se lève à l’horizon.
La Grande Ourse permet de localiser facilement l’Etoile Polaire qui est située sur l’axe du monde ou peu s’en faut et indique le nord.
Elle institue la stabilité du monde acquise par la fixité du pôle et de l’axe du monde autour desquels elle tourne.

La Grande Ourse est le mémorial de l’histoire de la nymphe Callisto.
Callisto est une nymphe dévolue à la Déesse Artémis, fille de Zeus. Artémis est le modèle de la nymphe Callisto, chaste et chasseresse. Aussi belle l’une que l’autre, on peut les confondre, Callisto est le double ou l’image d’Artémis.
Callisto est violée par Zeus qui pour arriver à ses fins, prend la forme d’Apollon- son fils- ou dit-on encore, la forme…. d’Artémis…sa fille. Déçue et dépitée Artémis transforme Callisto en Ourse à moins que ce ne soit Héra, l’épouse de Zeus, ou… Zeus lui-même qui s’en soit chargé. Toutes les versions existent.
Callisto met au monde un fils de son union avec Zeus, Arcas qui lui sera soustrait.
En passe d’être tuée fortuitement par son fils Arcas, l’Ourse Callisto se voit opportunément catastérisée par Zeus pris de compassion et mise au ciel comme « la Grande Ourse ».
Héra, épouse de Zeus, toujours jalouse, interdit à Poséidon de recevoir la désormais Grande Ourse dans son grand Océan figure de l’horizon. Ceci veut dire que la Constellation ne connaîtra ni coucher ni lever. Elle ne rejoindra jamais l’immense Océan par définition symbole de la procréation mais aussi du lieu où tout vient mourir. La nymphe… (ou la déesse dont elle est l’image) renoue ainsi avec son destin initial, celui de la virginité primordiale, celui d’avant la séparation cosmique du ciel et de la terre, celui d’avant la différentiation des sexes et celui de l’immortalité. La Grande Ourse se situe ainsi dans le Grand temps, celui de la permanence. Inviolable et permanente la Grande Ourse assure d’une manière définitive la stabilité du monde.

Ainsi du désordre terrestre où s’épanouissent les errements des identités, les passions des moi, les avatars des situations naît un ordre cosmique sacré qui rend une vie humaine ordonnée et sensée envisageable.


La Petite Ourse et la Constellation du Bouvier

Montrant à quel point le mythe associé à Callisto revêt une importance capitale, Artémis met la nymphe une seconde fois au ciel en la forme de la Petite Ourse. Cette catastérisation intervient non pas pour prévenir le meurtre de la mère, Callisto, par le fils, Arcas mais l’union incestueuse de la mère et du fils.

Arcas dont le destin est tragique, puisque d’abord dépecé et servi à table à son père Zeus qui va le reconstituer, il manque plus tard de tuer ou de s’unir à sa mère. Zeus le soustrait à ces deux derniers avatars du destin en le catastérisant sous la forme de la constellation du Bouvier. Arcturus étoile de cette constellation rappelle son nom. Le Bouvier est le gardien du troupeau des étoiles des Ourses, Petite et Grande.

Cassiopée, Céphée, Andromède et Persée

Cassiopée reine d’Ethiopie défie les dieux en prétendant qu’elle et sa fille, Andromède, sont plus belles que les filles du Dieu Nérée, « nymphes pures aux visages de calice » parmi lesquelles la célèbre Amphitrite épouse de Poséidon. En représailles ce dernier envoie un monstre ravager l’Ethiopie. Consultant un oracle d’Ammon, Cephée, époux de Cassiopée, roi d’Ethiopie , apprend que son pays sera débarrassé du monstre s’il sacrifie sa fille au Dieu.

C’est ainsi qu’Andromède se retrouve attachée à un rocher surplombant la mer, offerte au monstre par ses parents. Andromède s’attend à périr lorsque Persée, de retour du pays des Hespérides où il a tranché la Tête de Méduse, anéantit le monstre, la délivre et l’épouse. A sa mort Andromède est placée au ciel en compagnie de Cassiopée, Céphée et Persée. Elle y figure attachée à son rocher.
Quant à Persée, fils de Zeus, son grand-père maternel Acrisios tente de le faire disparaître . Un oracle lui a prédit que son petit-fils le tuerait. En vain, après différents exploits dont la pétrification du Géant Atlas en montagne, Persée recherche Acrisios .Il le tue involontairement quand participant au lancer du disque lors de jeux, le disque lui échappe et tue Acrisios, spectateur.
Athéna catastérise Persée avec dans une main la tête de méduse et dans l’autre la serpe d’acier qu’il reçut d’Héphaïstos pour accomplir cet exploit.


Orion , le Scorpion, les Pléiades, le Petit Chien

Orion, doué d’une grande beauté et du don de marcher sur les flots, aura les yeux crevés pour avoir essayé de violer la fille du roi de Chios. Conduit par Cédalion, domestique d’Héphaïstos, il gagne l’Orient et recouvre la vue en s’exposant au soleil, suivant en cela la prescription d’un oracle. Grand chasseur, il vit ensuite au côté d’Artémis, avec le projet d’exterminer toutes les bêtes de la terre. Furieuse Gaia fait surgir un Scorpion gigantesque qui tue Orion en le piquant. Dans d’autres versions, il a essayé de violer Artémis et celle-ci l’a tué de la piqûre du dard du Scorpion. Comme Orion qui marche sur les flots, la constellation d’Orion reste basse dans le ciel, comme rasant la mer. Zeus place Orion parmi les constellations à la demande d’Artémis qui en est très éprise. Orion figure au ciel sous son aspect de chasseur avec son épée et son arc. Il y incarne la force et la puissance de la vie.
Au moment où dans le ciel le Scorpion se lève à l’est, Orion disparaît à l’ouest momentanément vaincu par le terrible envoyé de Gaia ou d’Artémis.
Les Pléiades représentent les sept filles d’Atlas. Zeus les métamorphose en colombes pour les soustraire à Orion, le violeur impénitent, puis il les place au ciel où de fait la constellation d’Orion semble les poursuivre. Apparaissant en mai et disparaissant en novembre elles marquaient la période favorable à la navigation chez les anciens Grecs.
La constellation du chien rappelle le chien d’Orion qui l’accompagne dans tous les moments difficiles de son existence et le protége contre les bêtes sauvages. Elle contient l’étoile la plus brillante du ciel boréal, Sirius.



La Lyre

Fabriquée à l’origine par Hermès avec une carapace de tortue , la peau et les boyaux des bœufs d’Appollon, elle a Sept cordes, le même nombre que celui des Pléiades. Appollon qui l’a reçue d’Hermès l’offre à Orphée qui lui ajoute 2 cordes afin de commémorer le nombre des Muses. Lui-même est fils de Calliope, Muse de la poésie épique.
Orphée tire de cet instrument une musique si émouvante et harmonieuse que les fleuves cessent de couler, les rochers le suivent, les bêtes féroces deviennent dociles. Sa voix est si sensible et si douce qu’il peut par son chant calmer les flots les plus agités.
Il essaye de ramener des Enfers sa femme Eurydice piquée à mort par un serpent mais échoue in extremis pour l’avoir regardée avant de rejoindre le monde des vivants.
Suite à son voyage aux enfers il rentre en rébellion contre Dionysos et devient un fervent adorateur d’Hélios, le soleil. Dionysos se venge, Orphée est mis en pièces par les femmes de son pays dont il dédaigne l’amour par fidélité à Eurydice .Les Muses demandent à Zeus de mettre sa Lyre au ciel afin de commémorer son souvenir.


Le Cygne

Zeus s’étant épris de Léda, épouse de Tyndare, il use d’une ruse pour parvenir à ses fins. Un soir que la jeune femme se baigne dans un étang, il se métamorphose en un merveilleux cygne d’une blancheur éclatante et approche la jeune femme qui se laisse abuser.
Le soir même elle s’unit à son mari. Il s’en suit la naissance de Pollux et Hélène, enfants de Zeus et de Castor et Clytemnestre, enfants de Tyndare.
Le cygne, lui, s’est élevé droit jusqu’au ciel dans un vol glorieux ailes déployés et Zeus en plaça l’image parmi les constellations.

L’Aigle

L’aigle est l’oiseau emblématique de Zeus. L’aigle est le seul oiseau à voler droit face au soleil, il a la suprématie sur tous les animaux. L’aigle accompagna Zeus lors de son combat contre les Titans.
Zeus se change en aigle pour enlever jusqu’aux cieux le jeune Ganymède dont il est amoureux du fait de sa très grande beauté. Ayant acquis l’immortalité, Ganymède est devenu l’échanson des Dieux (le Verseau) et leur sert l’ambroisie.
Pour toutes ces raisons l’aigle a eu l’honneur de figurer au ciel.

Les Gémeaux, Castor et Pollux

Ils sont demi-frères car l’un est fils de Zeus et l’autre de Tyndare. Leur affection fraternelle est telle qu’ils ne se séparent jamais de toute leur vie. Ils participent ensemble à toutes sortes d’action héroïque, délivrent Hélène, leur sœur, des mains de Thésée, prennent part à la chasse au sanglier de Calydon, accompagnent les Argonautes dans leur expédition... Ils seraient à l’origine des « feux Saint-Elme », ces feux qui brillent autour des navires par temps d’orage, ils ont ainsi marqué leur soutient à Lysandre lors d’une bataille navale.
Au cours d’un combat Castor est tué et Pollux, immortel, seulement blessé et emporté à cette occasion dans les cieux par son père Zeus .Pollux ne supportant pas la séparation d’avec Castor demande à Zeus de partager son immortalité avec lui un jour sur deux.
Zeus voulant faire mémoire de leur magnifique entente les plaçe tous les deux cote à cote au ciel parmi les constellations.

Nombreuses sont encore les constellations du ciel et leurs légendes merveilleuses. Elles peuvent s’enchainer les unes aux autres sans fin en se ramifiant dans le labyrinthe infini des dieux et des héros et de leur descendance.
Puisqu’il faut une fin terminons avec la constellation de la Vierge qui va en quelque sorte nous faire revenir aux origines.


La Vierge, Diké dans la mythologie, est fille de Zeus. Immortelle, elle a choisie de vivre sur terre au milieu des humains. Mais lorsque les hommes oublient la justice, s’adonnent à la tromperie, à la fraude, elle met un terme à son existence avec les hommes et se retire dans les montagnes.
Mais les hommes deviennent violents et le bruit de leurs luttes intestines, de leur guerre parvient jusqu’à elle. La Vierge décide alors de monter au ciel étoilé d’où Elle rappelle aux hommes qu’un jour elle fut sur terre.

Jean-Louis Dumoulin (2007)

dimanche 28 septembre 2008

Du ciel du Luberon en Provence : Catastérisme, partie 2

Dans le Luberon les envies de beau et de vrai vous assaillent, partout une communion vous attend avec le ciel,soleil bleu,la nuit, noir d'étoiles, avec ses routes et chemins, à pied, à vélo. Aujourd'hui Les Correspondances à Manosque, les lettres, oui mais les rencontres, l'âme des hommes,une vie qui surgit.

Alors donc la suite de notre article sur les constellations, après avoir approché ce qu'est un mythe, voyons rapidement ce qu'est la mythologie Grecque ou du moins ce qui est utile d'en savoir pour notre propos.


(J.L. Dumoulin, 2007)

La mythologie Grecque

Les Sources

Bien qu’il ait quelques prédécesseurs Hésiode traite parmi les premiers de la mythologie en tant que telle. Hésiode, poète du huitième siècle avant Jésus Christ, a écrit « Théogonie » (De la Naissance des Dieux).
Sur le plan de l’astronomie et plus spécifiquement de la définition et de la dénomination des Constellations, trois noms en particulier sont à retenir,
Eudoxe de Cnide, il rédige au IVème siècle avant J.C. « Phénomènes », un ouvrage dans lequel il décrit les Constellations.
Aratos de Soles, au IVième avant J.C. avec son livre également appelé « Phénomènes », poème didactique indiquant les positions relatives des étoiles et des Constellations .
Enfin et surtout Eratosthène de Cyrène, IIIième siècle avant J.C., savant éclectique et rédacteur des « Catastérismes », description du ciel nocturne mêlant astronomie et mythologie. Directeur de la Grande Bibliothèque d’Alexandrie,
Eratosthène sera le premier à calculer la circonférence de la terre avec une précision surprenante.

Les Commencements suivant la mythologie Grecque d’Hésiode

…Au début était Chaos. Chaos est un principe, il signifie vide, sans limite et informe, sans commencement, ténébreux. Vide ne signifie pas sans potentialité ni virtualité… .
Puis apparut Gaia (ou Gaea) qui personnifie la Terre en devenir, elle émerge de Chaos. Peut-être dans notre langage moderne une de ses représentations serait-elle la matière mais une matière là encore dotée d’une certaine virtualité.

Alors vient Eros. Energie attractive qui engage les êtres, les plantes, les minéraux, et les choses à se joindre et à créer.
A eux trois ils constituent une trinité de forces surnaturelles, déités primitives aux contours mal définis.

Vide, matière, énergie, les acteurs sont en place, la création peut commencer.
Erebe et la Nuit sont issus de Chaos tout seul ainsi qu’Ouranos l’est de Gaia. D’autres viennent de l’union de frères et sœurs, phénomène qui s’avèrera fréquent dans la mythologie Grecque, ou de l’union entre mère et fils, par exemple Gaia et Ouranos.

Gaia avec Ouranos aurons la descendance suivante :
• Les 12 Titans pour certains personnifications d’éléments de la création en même temps que fils ou filles de Gaia et Ouranos dont :
• Cronos, père de Zeus, d’Héra, de Poséidon, …
• Japet, père de Prométhée, …
• Océanos, élément originel, personnification divine de l’eau, Il entoure la Terre tel un immense fleuve où tout se crée et où tout vient mourir.
• …
• Les 4 Cyclopes, géants avec un seul œil au milieu du Front
• Les 3 monstres aux cent bras et cinquante têtes appelés Hécatonchires.



Ouranos, le ciel étoilé, rejette violemment la progéniture de Gaia il craint qu’elle ne le sépare de son épouse-mère/la terre. Cette progéniture symbolise tout autant les forces aveugles de la nature, par exemple les cyclopes, génies de la foudre, qu’une nouvelle génération de Divinités qui tend à supplanter Ouranos.
Cronos, un des Titans va précipiter la séparation du ciel-Ouranos- et de la terre-Gaia- en mutilant atrocement Ouranos de ses parties génitales, première violence entre père et fils et entre frères. Mais violence tout à fait essentielle qui va dégager un espace vital pour la progéniture de Gaia, en particulier pour les Titans images encore lointaines des hommes. Elle va aussi permettre que la création se poursuive. Toutes sortes de forces-divinités, pour la plupart filles de Nuit, apparaissent qui seront les vecteurs des comportements et de la destinée des humains, la Fraude, la Discorde, la Vieillesse, la Peine, la Faim, le Meurtre, le Mensonge…comme s’engouffrant dans la séparation béante du ciel et de la terre.
Car déjà l’enchainement fatal des destins s’installe. Cronos craint de subir de sa propre progéniture ce qu’il a fait subir à son père. Pour la faire disparaître il avale tous les enfants qu’il a de Rhéa, sa sœur. Grace à un subterfuge Zeus échappera au sort qui lui est ainsi promis.

Effectivement, Zeus, Dieu de la troisième génération chasse du ciel Cronos, son père et le relègue enchainé aux derniers fondements de l’Univers, un châtiment somme toute déjà plus humain que celui subit par son « Grand-père », Ouranos.
Avec Zeus, la génération des Dieux Olympiens prend le pouvoir et met fin à l’ère des divinités primitives et à l’indifférenciation du ciel et de la terre. Cependant la majorité des Titans ne l’entend pas de cette oreille et craignant de perdre ses privilèges s’opposent à Zeus en une guerre qui dure 10 ans. Un véritable enfer s’ensuit, Zeus récupère les forces du tonnerre et de la foudre à son profit, l’incendie gagne jusqu’à Chaos ! Finalement vaincus avec l’aide des Cyclopes et des Hécatonchires, les Titans sont précipités au fond des abîmes « aussi loin de la surface de la terre que la terre l’est du ciel ».

Les Titans rebelles vaincus, Zeus doit alors affronter la révolte des Géants à jambes de serpent, fils de la dernière heure de Cronos. Un combat gigantesque se déroule autour de l’Olympe. Il s’agit pour ces forces obscures de reconquérir les Cieux. Aidé de ses enfants, Apollon, Héphaïstos, Arès, Athéna, Dionysos, d’Héra (son épouse officielle) et de Poséidon (fils de Cronos) Zeus résiste mais ne vaincra, paradoxalement, qu’avec l’aide d’un Humain, Héraclès
Les épreuves de Zeus ne s’arrêtent pas là. Un terrible monstre, Typhon, issu de Gaia, l’attaque, ultime tentative de la force sauvage représentation du mal pour combler à son profit
la séparation du Ciel et de la Terre. Tous les Dieux s’enfuient et Typhon capture Zeus qui ne doit son salut qu’à Hermès qui le délivre. Zeus parvient à faire fuir Typhon et à l’écraser sous l’Etna.
Zeus peut enfin instituer son ordre, un temps nouveau va advenir, celui des hommes séparés du ciel.
L’homme et la mythologie Grecque

En filigrane jusqu’à cet instant, l’homme commence à instiller l’histoire. Esquissé par les Titans, initié par Prométhée à l’aide d’eau et d’argile, l’homme ne prendra son essor qu’après le déluge. Auparavant il a connu l’âge d’or, sous Cronos, très proche des Dieux et donc du ciel, sa vie est une félicité complète. Puis à l’âge d’argent, l’homme devient faible et inepte, sa vie est brève, vide de sens. L’âge d’airain est celui d’un homme dur, impitoyable qui n’a de cesse de tuer son semblable. Quand à l’âge de fer, il marque l’aboutissement de la déchéance de l’homme avec le triomphe de la discorde, de l’injustice, de la fraude, du mensonge, du crime, de la misère. La dégradation de la condition humaine provient des conditions du partage résultant de la séparation du ciel et de la terre, des Dieux et des hommes. Les hommes ont voulu oublier les Dieux, prendre la meilleure part. Zeus s’est vengé des hommes, en leur enlevant le feu, puis en leur envoyant Pandore et son assortiment de maux en boîte, tous créés par Nuit, fille de Chaos .Enfin Zeus répand le déluge sensé anéantir l’humanité.

Inlassablement Prométhée, fils de Japet, par ses ruses soutient les hommes. Prévenant Deucalion et Pyrrha des intentions de Zeus, les deux derniers représentants de la race humaine survivent au déluge. Ils offrent un sacrifice à Zeus et repeuplent la terre en exécutant un oracle obtenu à Delphes. Se voilant le front, ils marchent dans la plaine jetant par-dessus leurs épaules des pierres arrachées à la terre. Celles lancées par Deucalion deviennent des hommes, celles lancées par Pyrrha deviennent des femmes.

Hommes et femmes naissent désormais de la terre, la séparation terre ciel est totalement consommée. Zeus déclare aux autres Dieux « non, quels que soient vos efforts, vous n’entrainerez pas du ciel sur la terre Zeus, la sagesse suprême », c’est du moins ce qu’Homère lui fait dire. Et Zeus délègue à des divinités secondaires, Illithie et Asclépios, le suivi des soucis des hommes. Illithie est préposée aux accouchements, fille d’Héra, certains disent qu’elle en est un double.
Asclépios, dieu de la Santé, apparaît en songe aux malades qui le consultent en son temple et leur prodigue des conseils. Issu de la lumière ou du feu il a la réputation de rendre aux malades la chaleur perdue.

Néanmoins Zeus s’adresse indirectement mais magistralement aux hommes par son ciel étoilé et les mythes éternels qu’il y inscrit. Les catastérismes rappellent aux hommes le temps merveilleux où ciel et terre communiquaient. Les catastérismes sont une réminiscence de l’âge d’or, Zeus (le plus souvent) fait monter au ciel, dans une sorte d’ascension grandiose, un mortel, des animaux ou des choses de la terre.
Ces catastérismes montrent qu’il est possible de dépasser la terrible rupture cosmologique intervenue à la suite de la chute de l’homme. Les constellations constituent ainsi les différents chapitres du plus beau des livres jamais écrits. L’encre animée des étoiles inscrit soir après soir les légendes exemplaires des héros et des choses. Au ciel le Héros, l’Animal ou les Choses catastérisés rejouent l’épisode qui leur a valu de devenir un modèle pour les hommes. Le ciel est ainsi non seulement un livre mais aussi un grand théâtre aux décors cosmiques. Chaque constellation y joue son rôle.
Et voici quelques aperçus de cette super-production.

De quelques constellations(la suite dans le prochain article)