dimanche 28 septembre 2008

Du ciel du Luberon en Provence : Catastérisme, partie 2

Dans le Luberon les envies de beau et de vrai vous assaillent, partout une communion vous attend avec le ciel,soleil bleu,la nuit, noir d'étoiles, avec ses routes et chemins, à pied, à vélo. Aujourd'hui Les Correspondances à Manosque, les lettres, oui mais les rencontres, l'âme des hommes,une vie qui surgit.

Alors donc la suite de notre article sur les constellations, après avoir approché ce qu'est un mythe, voyons rapidement ce qu'est la mythologie Grecque ou du moins ce qui est utile d'en savoir pour notre propos.


(J.L. Dumoulin, 2007)

La mythologie Grecque

Les Sources

Bien qu’il ait quelques prédécesseurs Hésiode traite parmi les premiers de la mythologie en tant que telle. Hésiode, poète du huitième siècle avant Jésus Christ, a écrit « Théogonie » (De la Naissance des Dieux).
Sur le plan de l’astronomie et plus spécifiquement de la définition et de la dénomination des Constellations, trois noms en particulier sont à retenir,
Eudoxe de Cnide, il rédige au IVème siècle avant J.C. « Phénomènes », un ouvrage dans lequel il décrit les Constellations.
Aratos de Soles, au IVième avant J.C. avec son livre également appelé « Phénomènes », poème didactique indiquant les positions relatives des étoiles et des Constellations .
Enfin et surtout Eratosthène de Cyrène, IIIième siècle avant J.C., savant éclectique et rédacteur des « Catastérismes », description du ciel nocturne mêlant astronomie et mythologie. Directeur de la Grande Bibliothèque d’Alexandrie,
Eratosthène sera le premier à calculer la circonférence de la terre avec une précision surprenante.

Les Commencements suivant la mythologie Grecque d’Hésiode

…Au début était Chaos. Chaos est un principe, il signifie vide, sans limite et informe, sans commencement, ténébreux. Vide ne signifie pas sans potentialité ni virtualité… .
Puis apparut Gaia (ou Gaea) qui personnifie la Terre en devenir, elle émerge de Chaos. Peut-être dans notre langage moderne une de ses représentations serait-elle la matière mais une matière là encore dotée d’une certaine virtualité.

Alors vient Eros. Energie attractive qui engage les êtres, les plantes, les minéraux, et les choses à se joindre et à créer.
A eux trois ils constituent une trinité de forces surnaturelles, déités primitives aux contours mal définis.

Vide, matière, énergie, les acteurs sont en place, la création peut commencer.
Erebe et la Nuit sont issus de Chaos tout seul ainsi qu’Ouranos l’est de Gaia. D’autres viennent de l’union de frères et sœurs, phénomène qui s’avèrera fréquent dans la mythologie Grecque, ou de l’union entre mère et fils, par exemple Gaia et Ouranos.

Gaia avec Ouranos aurons la descendance suivante :
• Les 12 Titans pour certains personnifications d’éléments de la création en même temps que fils ou filles de Gaia et Ouranos dont :
• Cronos, père de Zeus, d’Héra, de Poséidon, …
• Japet, père de Prométhée, …
• Océanos, élément originel, personnification divine de l’eau, Il entoure la Terre tel un immense fleuve où tout se crée et où tout vient mourir.
• …
• Les 4 Cyclopes, géants avec un seul œil au milieu du Front
• Les 3 monstres aux cent bras et cinquante têtes appelés Hécatonchires.



Ouranos, le ciel étoilé, rejette violemment la progéniture de Gaia il craint qu’elle ne le sépare de son épouse-mère/la terre. Cette progéniture symbolise tout autant les forces aveugles de la nature, par exemple les cyclopes, génies de la foudre, qu’une nouvelle génération de Divinités qui tend à supplanter Ouranos.
Cronos, un des Titans va précipiter la séparation du ciel-Ouranos- et de la terre-Gaia- en mutilant atrocement Ouranos de ses parties génitales, première violence entre père et fils et entre frères. Mais violence tout à fait essentielle qui va dégager un espace vital pour la progéniture de Gaia, en particulier pour les Titans images encore lointaines des hommes. Elle va aussi permettre que la création se poursuive. Toutes sortes de forces-divinités, pour la plupart filles de Nuit, apparaissent qui seront les vecteurs des comportements et de la destinée des humains, la Fraude, la Discorde, la Vieillesse, la Peine, la Faim, le Meurtre, le Mensonge…comme s’engouffrant dans la séparation béante du ciel et de la terre.
Car déjà l’enchainement fatal des destins s’installe. Cronos craint de subir de sa propre progéniture ce qu’il a fait subir à son père. Pour la faire disparaître il avale tous les enfants qu’il a de Rhéa, sa sœur. Grace à un subterfuge Zeus échappera au sort qui lui est ainsi promis.

Effectivement, Zeus, Dieu de la troisième génération chasse du ciel Cronos, son père et le relègue enchainé aux derniers fondements de l’Univers, un châtiment somme toute déjà plus humain que celui subit par son « Grand-père », Ouranos.
Avec Zeus, la génération des Dieux Olympiens prend le pouvoir et met fin à l’ère des divinités primitives et à l’indifférenciation du ciel et de la terre. Cependant la majorité des Titans ne l’entend pas de cette oreille et craignant de perdre ses privilèges s’opposent à Zeus en une guerre qui dure 10 ans. Un véritable enfer s’ensuit, Zeus récupère les forces du tonnerre et de la foudre à son profit, l’incendie gagne jusqu’à Chaos ! Finalement vaincus avec l’aide des Cyclopes et des Hécatonchires, les Titans sont précipités au fond des abîmes « aussi loin de la surface de la terre que la terre l’est du ciel ».

Les Titans rebelles vaincus, Zeus doit alors affronter la révolte des Géants à jambes de serpent, fils de la dernière heure de Cronos. Un combat gigantesque se déroule autour de l’Olympe. Il s’agit pour ces forces obscures de reconquérir les Cieux. Aidé de ses enfants, Apollon, Héphaïstos, Arès, Athéna, Dionysos, d’Héra (son épouse officielle) et de Poséidon (fils de Cronos) Zeus résiste mais ne vaincra, paradoxalement, qu’avec l’aide d’un Humain, Héraclès
Les épreuves de Zeus ne s’arrêtent pas là. Un terrible monstre, Typhon, issu de Gaia, l’attaque, ultime tentative de la force sauvage représentation du mal pour combler à son profit
la séparation du Ciel et de la Terre. Tous les Dieux s’enfuient et Typhon capture Zeus qui ne doit son salut qu’à Hermès qui le délivre. Zeus parvient à faire fuir Typhon et à l’écraser sous l’Etna.
Zeus peut enfin instituer son ordre, un temps nouveau va advenir, celui des hommes séparés du ciel.
L’homme et la mythologie Grecque

En filigrane jusqu’à cet instant, l’homme commence à instiller l’histoire. Esquissé par les Titans, initié par Prométhée à l’aide d’eau et d’argile, l’homme ne prendra son essor qu’après le déluge. Auparavant il a connu l’âge d’or, sous Cronos, très proche des Dieux et donc du ciel, sa vie est une félicité complète. Puis à l’âge d’argent, l’homme devient faible et inepte, sa vie est brève, vide de sens. L’âge d’airain est celui d’un homme dur, impitoyable qui n’a de cesse de tuer son semblable. Quand à l’âge de fer, il marque l’aboutissement de la déchéance de l’homme avec le triomphe de la discorde, de l’injustice, de la fraude, du mensonge, du crime, de la misère. La dégradation de la condition humaine provient des conditions du partage résultant de la séparation du ciel et de la terre, des Dieux et des hommes. Les hommes ont voulu oublier les Dieux, prendre la meilleure part. Zeus s’est vengé des hommes, en leur enlevant le feu, puis en leur envoyant Pandore et son assortiment de maux en boîte, tous créés par Nuit, fille de Chaos .Enfin Zeus répand le déluge sensé anéantir l’humanité.

Inlassablement Prométhée, fils de Japet, par ses ruses soutient les hommes. Prévenant Deucalion et Pyrrha des intentions de Zeus, les deux derniers représentants de la race humaine survivent au déluge. Ils offrent un sacrifice à Zeus et repeuplent la terre en exécutant un oracle obtenu à Delphes. Se voilant le front, ils marchent dans la plaine jetant par-dessus leurs épaules des pierres arrachées à la terre. Celles lancées par Deucalion deviennent des hommes, celles lancées par Pyrrha deviennent des femmes.

Hommes et femmes naissent désormais de la terre, la séparation terre ciel est totalement consommée. Zeus déclare aux autres Dieux « non, quels que soient vos efforts, vous n’entrainerez pas du ciel sur la terre Zeus, la sagesse suprême », c’est du moins ce qu’Homère lui fait dire. Et Zeus délègue à des divinités secondaires, Illithie et Asclépios, le suivi des soucis des hommes. Illithie est préposée aux accouchements, fille d’Héra, certains disent qu’elle en est un double.
Asclépios, dieu de la Santé, apparaît en songe aux malades qui le consultent en son temple et leur prodigue des conseils. Issu de la lumière ou du feu il a la réputation de rendre aux malades la chaleur perdue.

Néanmoins Zeus s’adresse indirectement mais magistralement aux hommes par son ciel étoilé et les mythes éternels qu’il y inscrit. Les catastérismes rappellent aux hommes le temps merveilleux où ciel et terre communiquaient. Les catastérismes sont une réminiscence de l’âge d’or, Zeus (le plus souvent) fait monter au ciel, dans une sorte d’ascension grandiose, un mortel, des animaux ou des choses de la terre.
Ces catastérismes montrent qu’il est possible de dépasser la terrible rupture cosmologique intervenue à la suite de la chute de l’homme. Les constellations constituent ainsi les différents chapitres du plus beau des livres jamais écrits. L’encre animée des étoiles inscrit soir après soir les légendes exemplaires des héros et des choses. Au ciel le Héros, l’Animal ou les Choses catastérisés rejouent l’épisode qui leur a valu de devenir un modèle pour les hommes. Le ciel est ainsi non seulement un livre mais aussi un grand théâtre aux décors cosmiques. Chaque constellation y joue son rôle.
Et voici quelques aperçus de cette super-production.

De quelques constellations(la suite dans le prochain article)

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