jeudi 7 août 2008

Pensée scientifique ou mythique par J. L . Dumoulin

Théories et mythes, une étude de cas…



Vers une cosmogonie scientifique

L’homme a chevillé au corps et à l’esprit, le besoin de percer à jour le mystère de l’origine du monde, de mettre en lumière les origines de la vie et de l’esprit. Attesté chez les Peuplades les plus « Primitives », ce désir subsiste chez l’homme « moderne ».
Cette anxiété des origines et disons le, des choses, amène à penser leur commencement, celui de l’Univers, de la vie et a suscité dans le passé lointain des hommes l’apparition de mythes, mythes cosmogoniques, relatifs à la création de l’univers, mythes de création, relatif à l’apparition de l’homme et à son destin sur terre. Certaines Populations qualifiées de « primitives ou archaïques » encore vivantes ou récemment vivantes disposent ou disposaient de mythologies.
Si pour l’homme moderne un mythe est par définition quelque chose de « faux » au sens de non établie, qui ne correspond pas à une réalité constatée ou vérifiable, pour ces Peuples dont nous parlons le mythe ou les mythes sont tout le contraire. Pour Eux les mythes fondent la réalité et on peut affirmer qu’il ne peut y avoir de chose plus « vraie », « réelle » pour ces Populations que leurs mythes.
Certes nous savons tous qu’il y a des « mythes » dans nos sociétés contemporaines. Mais il s’agit la plupart du temps de mythes qui n’ont, du moins en apparence, pas grand chose à voir avec les « grands » mythes, mythe cosmogoniques ou mythes de création de nos prédécesseurs des « temps anciens » et …révolus. Il suffit pour s’en convaincre de lire ou relire le livre de Roland Barthes « Mythologies ».
Il est possible que la notion même de « grands mythes » soit complètement désuète et presque incongrue au regard de l’accumulation des connaissances scientifiques modernes.
Même s’il y a eu plusieurs théories scientifiques qui prétendaient rendre compte de la « création » ou de l’origine de l’Univers, une a fini par accumuler suffisamment de preuves de sa probabilité qu’elle est pratiquement devenue la théorie admise . Nous savons par les journaux et aussi la télévision que la théorie du « Big Bang » a triomphé. Elle a triomphé parce qu’elle a pu « expliquer » un nombre considérable de phénomènes de ce monde que nous constatons : l’existence des éléments chimiques, des plus légers au plus lourds, la formation des étoiles et des galaxies, dans une certaine mesure, l’expansion de l’univers, ect…. Elle a été aidée en cela par les découvertes de grands Astronomes et de grands Astrophysiciens mais aussi par une association de plus en plus étroite de l’astrophysique avec la physique et plus singulièrement avec la physique des particules. La symbiose est si profonde que l’astrophysique sert de champ d’expérience à la physique et que les expériences de la physique servent à l’astrophysique. Les victoires ou les échecs de l’une constituent souvent aussi les victoire ou les échecs de l’autre. Avec un nouvel accélérateur de particules au CERN à Genève, le LHC, « prouesse expérimentale », les physiciens espèrent parachever la nouvelle physique atomique dite du modèle standard et par là même conforter la théorie du Big Bang. Anticipant à peine les événements un grand physicien Français, Michel Spiro, Directeur de l’IN2P3 du CNRS, impliqué dans le LHC, a pu affirmer que pour la première fois de son histoire l’homme entrait dans l’ère de la cosmogonie scientifique c'est-à-dire, en filigrane,… non mythologique. Très bien. (Conférence du 11/10/07 à la Cité des Sciences – Paris Porte de la Vilette)
Cette certitude va-t-elle- mettre un terme à toutes les spéculations sur les commencements et l’origine de l’Univers. Il semble que non. A l’intérieur même de la maison « science du modèle standard », un Physicien, médaille d’argent du CNRS, écrit « Le modèle standard qui est intimement associé à ces prouesses expérimentales (le « LHC ») n’est sans doute pas l’ultime théorie » (Patrick Janot in « Pour la Science » N° 361 11/07 p.104)

Cependant disposer d’un récit détaillé du Big Bang assorti d’équations qui expliquent les principaux composants et phénomènes qui forment l’ univers tel que nous pouvons le connaître voilà qui montre les progrès étonnants de la Science moderne . Néanmoins même si cette connaissance des choses donne une grande assurance à beaucoup elle ne suffit pas pour autant à tous. La voie est plus que jamais ouverte à toutes sortes de spéculation sur ce que pourrait être un principe premier de l’Univers ou sur ce qui précèderait l’Univers ou sur une pluralité d’Univers…Nous savons aussi que les mythes cosmogoniques ouvrent la voie aux mythes de création, il doit en être de même pour les théories correspondantes. Donc loin de clore le débat, cette belle certitude n’empêche pas l’apparition de théories compréhensives de l’Univers au fondement plus ou moins scientifique. Celles-ci peuvent éventuellement s’avérer un terreau fertile à l’éclosion de futurs acquis scientifiques. C’est de l’une de ces théories dont nous faisons maintenant mention.
Très compréhensive de l’univers, elle ambitionne aussi d’englober l’évolution de l’humanité. Proposée par un Physicien des Sciences de l’Univers, Monsieur François Roddier, cette théorie a été exposée dans plusieurs articles et publiés sur internet (http://www.comite83.org/agora-astronom/). Notre analyse porte plus spécifiquement sur un de ces articles intitulé :

« Où va l’humanité ? L’évolution des sociétés humaines suit les lois de la mécanique statistique. Juin 2007 »
(les textes entre guillemets sont extraits de l’article de François Roddier)

En résumé cette théorie indique
que l’univers et l’homme ne sont pas immuables mais qu’il existe quelque chose d’ invariant, l’énergie présentée « comme quantité invariante ».
Intervient ensuite un principe général qui est celui de la « maximisation de la dissipation d’énergie » par les composants de l’univers, tous présentés comme des « structures dissipatives d’énergie ». Les planètes, les étoiles, l’homme …sont des structures dissipatives d’énergie.
Cette dissipation est irréversible.
Cette maximisation est le fondement de la sélection naturelle-« la grandeur maximisée par la sélection naturelle est le taux de dissipation de l’énergie » et du phénomène d’auto-organisation-« La matière, les gènes, les cellules, les individus s’auto-organisent pour dissiper toujours davantage d’énergie. …Nous (les hommes) sommes génétiquement programmés pour dissiper toujours plus d’énergie »- .
Comprenons donc qu’en vertu des lois de la mécanique statistique, nous sommes tous autant que nous sommes dans l’univers fait pour dissiper la plus grande quantité d’énergie que nous puissions.
L’information intervient également dans cette théorie parce que « plus l’information circule, plus l’énergie se dissipe ». Il y a équivalence entre information et énergie. Chez les hommes, elle prend une telle importance que l’évolution culturelle supplante l’évolution génétique les « mèmes » (analogues mentaux du gène, unité d’information culturelle transmissible – Richard Dawkins) « contrôlent et remplacent les gènes ». Qui plus est, dans les sociétés humaines, l’énergie c’est donc l’information mais l’information n’est accessible que par le capital financier et culturel. On est ainsi amené à établir une identité entre énergie et capital financier et culturel.

L’évolution qui résulte de tout ceci se heurte cependant à des phénomènes contrariants, « Plus le système dissipe de l’énergie, plus l’environnement évolue vite et plus tôt une restructuration se produit ». On arrive ainsi à une « bifurcation » ou « point critique ». Beaucoup de ces structures dissipatives sont systématiquement attirées vers un état proche du point critique qui déclenche un phénomène d’auto-organisation, c’est la restructuration. Ce processus, général, explique beaucoup de choses, le Big-Bang, la formation des galaxies, des amas de galaxies, des superamas, des planètes, le développement d’ un embryon, l’évolution des écosystèmes, les changement de systèmes politiques, le libéralisme, la colonisation, les deux guerres mondiales… . « Il y a nécessité d’une restructuration continuelle ».

Ces restructurations peuvent s’avérer dangereuses, risquant de faire disparaître les entités concernées dans les cas extrêmes. Il est nécessaire qu’un mécanisme de reproduction très efficace se mette en place, tel que le nombre d’entités crée dépasse le nombre d’entités qui disparaissent dans la restructuration.

Ceci conduit à une population en forte croissance en ce qui concerne l’espèce humaine, à l’épuisement des ressources et à la pollution de l’environnement. L’origine de ces maux réside dans la fatalité du principe de dissipation maximale d’énergie dont la traduction courante est la croissance économique. Si la nature souffre de cette fatalité, l’homme n’est pas en reste : « le résultat c’est moins de liberté, moins d’égalité, moins de fraternité », « la densité de population continue à croître et les libertés individuelles à décroître. La société devient encore plus oppressive et répressive ».
Echapper à la fatalité du principe est-il possible ? Y- aurait-il un précédent ?
OUI ! L’ancêtre des bactéries, les procaryotes ont vécu sur terre pendant deux milliards d’années sans évolution notable, partageant la nourriture et en toute fraternité-ils sont naturellement jumeaux-, « l’idéal républicain s’applique parfaitement aux procaryotes ».
Si nous (les hommes) ne nous inspirons pas des procaryotes la fin risque d’être catastrophique. En effet, " la dégradation de l’environnement devient visible dans le temps d’une génération, signe d’un nouveau séisme à l’échelle mondiale. Le coût d’une nouvelle restructuration commence à paraître prohibitif non pas sur le plan humain mais sur le plan économique ».
« On comprend maintenant la fatalité de l’histoire. Le même processus se répète sans cesse, de façon chaque fois différente. …c’est le processus de dissipation de l’énergie. La cause de tous nos maux semble maintenant élucidée »
Il faut organiser une décroissance. Heureusement « le phénomène de production maximale d’entropie n’est qu’une propriété statistique valable pour un nombre suffisant d’éléments. Si notre planète se réduit à une société unique d’individus solidaires, il ne s’applique plus. Dans son ensemble, l’humanité reste maîtresse de sa destinée. Il suffirait donc de limiter (volontairement) notre taux de dissipation de l’énergie. Certains appellent cela le développement durable »….
Et ainsi « L’homme est enfin maître de son destin », « c’est le retour à un idéal humaniste, la renaissance des libertés individuelles, l’éducation devient une priorité majeure. Ayant atteint l’âge de raison, l’humanité est devenue adulte ».

Une dégradation est en marche
(Les citations en italique et entre guillemets sont tirées de textes de Mircéa Eliade)


Il est certainement inutile de se poser la question de savoir si nous sommes en présence d’une théorie scientifique, le champ embrassé par l’Auteur est trop large et hétérogène. La réponse tombe donc sous le sens. En dépit du caractère péremptoire du sous-titre, « l’évolution des sociétés humaines suit les lois de la mécanique statistique », on a affaire à une théorie qui ne peut se dire scientifique et qui d’ailleurs ne le revendique pas directement, prenant juste l’habit de propos scientifiques. Notons néanmoins que, par exemple, Trin Xuan Thuan mentionne dans son ouvrage « Origines ». ce type d’approche compréhensive de l’Univers à base d’auto-organisation et de bifurcations, c’est donc là quelque chose d’ avérer et de sérieux dans le domaine de la physique.


Dans cette théorie, nous trouvons une explication non seulement de l’état de l’univers mais aussi de la Condition Humaine à travers 3 principes qui en sont les fondements actifs dès « la création » du monde, le Big Bang. Ces 3 principes sont : l’énergie est un « invariant », la contrainte de dissipation maximale d’énergie, la propriété d’ auto-organisation. Depuis l’origine, le temps s’écoule avec son lot continu et inévitable de restructurations fruit de l’auto-organisation . Le temps est irréversible et semble conduire le monde et l’homme dans un avenir de dégradation. Mais toute fin du monde est pressentie comme impossible, en vertu des principes initiaux, en particulier celui de la dissipation de l’énergie, « la vie ne saurait cependant s’arrêter là car l’énergie cesserait de se dissiper… » nous dit François Roddier. Nous comprenons donc qu’il n’y a pas de fin prévisible et qu’une l’histoire se déroule qui laisse, sans qu’on nous l’exprime vraiment, le champ à un certain libre-arbitre humain. L’histoire telle qu’elle nous est présentée a pour conséquence l’accroissement inconsidéré des souffrances des hommes et de la nature, la société devient de plus en plus « oppressive et répressive ». Une machine infernale est en marche générant avant toutes choses peur et angoisse vis-à-vis du lendemain, vis-à-vis du temps.

Cette décrépitude en cours du monde rappelle certains mythes et ce qu’en dit Mircea Eliade dans « Aspects du Mythe » page 81,
« En somme, ces mythes de la Fin du Monde, impliquant plus ou moins clairement le re-création d’un Univers nouveau, expriment la même idée archaïque, et extrêmement répandue, de la dégradation progressive du Cosmos, nécessitant sa destruction et sa re-création périodiques. »
Pour beaucoup de « primitifs « le monde dégénère implacablement par le simple fait qu’il existe ».
Et dans « Nostalgie des Origines », au sujet des Indiens d’Amazonie, page 174
« Pour les Guaranis, l’humanité, aussi bien que la terre elle-même, sont fatiguées de vivre et de travailler et aspirent au repos.
« Je suis épuisée, gémissait la terre. Je suis rassasiée des cadavres que j’ai dévorés. Laissez-moi me reposer, Père. Les eaux aussi imploraient le Créateur de leur accorder le repos et les arbres… et ainsi la nature tout entière
». Rappelons que travail est un autre mot pour énergie . Nous retrouvons là l’idée de décroissance nécessaire.
Bien évidemment, nous n’assimilerons pas ces « pensées archaïques » aux concepts modernes d’entropie, de dissipation d’énergie mais peut-être à leur préfiguration.

Que nous propose François Roddier ?

Un modèle

De nous inspirer des « procaryotes », ces pré-bactéries sont ainsi promues au rôle de « héros civilisateurs » au même titre que les « héros civilisateurs » des mythologies du passé dont les comportements devaient être imités ou qui étaient à l’origine d’un savoir-faire unique et l’avaient transmis aux hommes, par exemple faire du feu, semer… . Faire du feu, semer n’allaient pas sans invoquer les mannes des « héros civilisateurs » correspondants et ainsi remonter aux temps mythiques des commencements où tout trouvait force, efficacité et réalité. Ainsi, également, l’évocation des « procaryotes » permet de retourner à la source jaillissante de toute survie, « l’idéal républicain » dont les procaryotes constituent le modèle car en effet,
« ..les Ancêtres vivaient une existence qui ignorait les inhibitions et les frustrations qui dominent toute communauté humaine organisée », « Nostalgies des Origines » page 144.

Une Société d’initiés

Atteindre ou ré-atteindre cet idéal suppose de « réduire » la planète à « une société unique d’individus solidaires » et aussi de donner la priorité absolue à l’éducation. Si cette « société unique réduite » d’individus solidaires n’est peut-être pas une société « secrète », elle est probablement une société d’initiés. Probablement a-t-elle la connaissance des 3 principes fondateurs du monde et se réfère –t-elle aux procaryotes. D’où l’importance de l’initiation, disons de l’éducation. A ce stade on peut tenter une homologation avec les rites d’initiation de peuples dits primitifs, car dans la mythologie de ces peuples le « vrai homme »n’est pas donné, les rites, l’éducation, « révèleront aux nouvelles générations le sens profond de l’existence et les aideront à assumer la responsabilité d’être un homme véritable », « Nostalgie des Origines » p. 190. Il y a là une certaine similitude avec « l’âge de raison et l’humanité devenue adulte » de François Roddier.



Un monde cyclique

Un aspect cyclique est présent dans la théorie de la mécanique statistique de l’évolution des sociétés humaines. Nous lisons que c’est « toujours la même histoire qui recommence sans fin », nous allons de bifurcation en bifurcation, de rupture de symétrie en rupture de symétrie avec ces restructurations qui sont autant de reconstruction à partir du chaos. Que l’Auteur associe en fait le chaos au libéralisme n’a aucune importance, il est évident que le chaos est tendanciellement inéluctable dans sa théorie et nous savons aussi que « la chute (la perte) de l’ordre de l’existence (telle qu’elle est) et le retour de cet ordre sont un problème fondamental de l’existence humaine. » Du point de vue de la cyclicité on retrouve ici quelque chose d’analogue à la fatalité des réincarnations successives de l’homme chez les Hindous avec son lot d’épreuves toujours recommencé. On retrouve aussi cette cyclicité dans nombre de mythologies, « les Mésopotamiens sentaient que le commencement était organiquement lié à une fin qui le précédait, que cette fin était de la même nature que le « Chaos » d’avant la création, et que c’était pour cette raison que la fin était indispensable à tout recommencement. », « Aspects du mythe » p.67
Et qui plus est « …, on croit dans la possibilité de récupérer le « commencement absolu », ce qui implique la destruction et l’abolition symboliques du vieux monde. La fin est donc impliquée dans le commencement et vice et versa » ,« Aspects du mythe » p.69.Avec François Roddier nous revenons aux sources, non seulement aux procaryotes mais aux principes mêmes de la cosmogonie, ceux de la création du monde et nous abolissons le vieux monde, incidemment incarné par « le libéralisme ». Finalement l’Auteur demande à réécrire l’histoire, à abolir le temps écoulé.
Nous pouvons vérifier ici que le mythe cosmologique (création de l’univers) sert toujours bien de modèle au mythe de création (apparition de l’hommes et de ses modes d’être).

Un monde cyclique ne connaît pas de fin du monde définitive alors que : « dans la conscience des Occidentaux, cette fin sera radicale et définitive ; elle ne sera pas suivie d’une nouvelle Création du Monde ». La « mécanique statistique » semble nous faire sortir de la conception judéo-chrétienne classique de fin du monde (définitive) pour nous faire réintégrer des conceptions qui ont été longtemps les conceptions dominantes chez les hommes et qui ont été longuement étudiées sous l’appellation d’ « éternel retour ».
Mais ceci à une autre conséquence, dans un monde cyclique, les événements et par conséquent le temps deviennent réversibles et comme le souligne Mircéa Eliade : « C’est ici que l’on saisit la différence la plus importante entre l’homme des sociétés archaïques et l’homme moderne : l’irréversibilité des événements qui, pour ce dernier, est la note caractéristique de l’Histoire , ne constitue pas une évidence pour le premier » (« Aspect du mythe »p. 26).
Là encore la « mécanique statistique » pourrait peut-être ouvrir de nouveaux horizons forts anciens.

Finalement et d’une façon plus générale la théorie de Monsieur Roddier est une explication du pourquoi et du comment du monde, en cela même elle peut être comparée à un mythe,
« En effet les mythes relatent non seulement l’origine du Monde, des animaux, des plantes et de l’homme, mais aussi tous les événements primordiaux à la suite desquels l’homme est devenu ce qu’il est aujourd’hui, c'est-à-dire un être mortel, sexué, organisé en société, obligé de travailler pour vivre, et travaillant selon certaines règles ». « Aspects du mythe »p.23
« Le mythe (par rapport aux contes et fables) lui (à l’homme archaïque) apprend les « histoires » primordiales qui l’ont constitué existentiellement, et tout ce qui a rapport à son existence et à son propre mode d’exister dans le cosmos le concerne directement. » idem p.24

Comme dans tout bon mythe « on ( y) apprend non seulement comment les choses sont venues à l’existence, mais aussi à les trouver et comment les faire réapparaître lorsqu’elles disparaissent. »

Conclusion

Evidemment ce « mythe scientiste » de la mécanique statistique n’a pas la stature des mythes anciens. La raison en est simple, il n’est pas ancré dans la plus immense et la plus libre des réserves imaginaires et symboliques, celle du surnaturel. Ce n’est pas non plus un petit mythe moderne, c’est un mythe dégénéré sans que ce qualificatif soit là péjoratif. Les anciens Dieux qui venaient nous visiter sur terre et auxquels nous rendions visite au ciel sont remplacés par des concepts, des lois de la physique, de l’idéologie et beaucoup d’assurance.

Il a quand même le grand mérite de nous rappeler que « le besoin de s’introduire dans des univers « étrangers » et suivre les péripéties d’une « histoire » semble consubstantiel à la condition humaine et par conséquent, irréductible ».Nous y voyons aussi la confirmation que « certains aspects et fonctions de la pensée mythique sont constitutifs de l’être humain ». Un merci sincère donc à François Roddier.
Monsieur Spiro sera-t-il d’accord ? Sa conférence était pourtant une bien belle histoire d’aventure.
Jean-Louis Dumoulin, Ansouis, juillet 2008

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