mardi 23 septembre 2008

Du ciel du Luberon en Provence : Catastérisme, partie 1

Catastérisme, histoire mythique des constellations
J.L Dumoulin-2007

A Ansouis, en Luberon, le ciel est encore pur et sa voûte nocturne y est souvent sidérante, ceci donne le goût de découvrir les constellations et leurs noms.

Pas loin de 6000 étoiles sont visibles à l’œil nu, approximativement 3000 à partir de chacun des hémisphères.
Il paraît tout à fait impossible de se repérer dans une telle quantité d’astres. D’autant plus que la rotation de la terre sur elle-même et autour du soleil modifie l’emplacement apparent des étoiles (à l’exception de l’étoile Polaire). La position des étoiles les unes par rapport aux autres, par contre, ne change pas.
Ceci a conduit à l’invention capitale des Constellations.
Mais qu’est-ce qu’une constellation ?
C’est la réunion d’un certain nombre d’étoiles brillantes formant une figure reconnaissable dans le ciel nocturne.
En 1930 l’Union Astronomique Internationale a publié « La Délimitation Scientifique des Constellations ». Si pour le spécialiste cet ouvrage apporte des précisions essentielles, l’amateur se réjouira d’y retrouver des noms familiers, du moins en ce qui concerne l’hémisphère nord. Citons en quelques uns : constellation de la Grande Ourse, de la Petite Ourse,… constellation d’Andromède, d’Orion, de la Lyre, du Cygne, de l’Aigle, des Gémeaux, de la Vierge… .
Dans le ciel ces Constellations comme les étoiles ont des positions invariables les unes par rapport aux autres. A partir d’un lieu déterminé d’observation, certaines ne sont jamais visibles. D’autres sont observables quelque soit la période de l’année et l’heure de la nuit.
D’autres enfin ont un lever et un coucher avec des horaires variables suivant la saison.
Sur les 88 Constellations répertoriées, 45 peuvent être observées depuis la France.
En ce qui concerne l’hémisphère nord la presque-totalité des constellations a été inventée et baptisée par les Grecs de l’Antiquité.
La plupart de ces Constellations est associée à un mythe. Ce mythe comporte généralement une catastérisation c'est-à-dire le fait qu’un Dieu « place au ciel un être vivant, un objet, voire un fleuve ou un pays sous la forme d’un groupement d’étoiles ». Ce groupement d’étoiles est une constellation ou catastérisme..
Mais qu’entend-t-on par mythe ? Et que représente une catastérisation dans la mythologie Grecque ?


La notion de mythe

Avant d’aborder la mythologie grecque et pour disposer d’outils d’interprétation pouvant en rendre le sens, il est utile de se pencher sur la notion même de mythe.
La mythologie Grecque n’est qu’une des mythologies connues. Il existe aussi une mythologie Egyptienne, Babylonienne, Inuite, Yakoute, Huron ,Navajo,Aztèque, Maya, Celte, Viking et encore beaucoup d’autres…Toutes ces mythologies présentent des points communs qui peuvent aider à cerner en quoi consiste un mythe.
Le mythe est une histoire tenue pour vraie qui s’est passée au tout début des temps. En la racontant on rejoint magiquement le temps de la création.
La perfection se trouve aux origines, d’où l’importance donnée à la remémoration des événements mythiques. Pour les Dieux le vrai péché des hommes, c’est l’oubli des premiers temps. Celui qui sait, c’est celui qui se rappelle les Commencements. Les mythes sont faits pour être retenus et redits.
Le mythe atteste que quelque chose existe bel et bien, une chose, un animal, un événement, les saisons… un astre, une constellation, le monde… dont les manifestations sont consistantes et durables. En ce sens le mythe fonde et en même temps explique. Le monde n’est pas illusoire et ses manifestations ne sont pas transitoires. Les mythes parlent du pourquoi en disant le comment .Ce faisant ils pérennisent le monde aux yeux d’hommes éprouvant avec acuité la précarité de leur existence et lui donne un sens.
Dans le mythe il y a donc dévoilement du mystère de ce qui est.
Les mythes expliquent comment l’homme par sa faute a perdu ses conditions de vie primitives paradisiaques et son immortalité. Ce sentiment d’une faute impardonnable ou, tout du moins d’une grave légèreté de l’homme à l’égard de son immortalité imprime à toute sa vie son côté dramatique. Il trouble sa conscience en nourrissant ses angoisses. Pour retrouver la condition paradisiaque primitive, l’homme devra surmonter les épreuves dressées sur sa route. Chacune le purifiera.
Pour les anciens peuples, le ciel est longtemps resté une réalité accessible à l’homme. Ce qui s’y passe, ce qui s’y crée, ce qui y meurt fait partie de l’histoire des dieux et de la sienne propre.
Au temps paradisiaque, les dieux descendent sur la terre et se mêlent aux humains, de leur côté les hommes peuvent monter au Ciel en escaladant une montagne, un arbre…une liane…une échelle ou portés par des oiseaux ; les hommes sont immortels, libres, spontanés, amis des animaux…
L’apparition et/ ou la chute de l’homme s’accompagne d’une rupture cosmologique qui explique pourquoi le ciel s’est éloigné de la terre. Ceci implique que le mythe indique comment il se fait que le ciel ne tombe pas sur la tête des hommes.

Dans les mythes le sacrifice reste l’acte essentiel par lequel se forgent et s’échangent les forces de l’univers, il est un acte créateur sans lequel rien ne pourrait exister.
Le mythe montre des comportements exemplaires fondés par les Dieux ou les Héros civilisateurs qui sont des modèles pour les humains. Le mythe existe pour que ces modèles ne soient pas oubliés.
L’homme « ancien» n’a pas vraiment le sens du divin, ignorant des lois de la nature, il attribue tous les phénomènes, aussi bien normaux qu’exceptionnels, à des forces surnaturelles
des Esprits…qu’il convient de se concilier.
Les mythes sont souvent des « retranscriptions » qui recèlent la mémoire lointaine d’un ancien rituel, d’un esprit primitif de la nature, d’un animal totem, plus tardivement d’un fait historique important, d’une guerre, d’une légende magnifiant l’origine d’une ville ou d’une famille…
Dans le cas de la mythologie Grecque, les poètes, Homère, Epiménide…, les dramaturges, Eschyle, Sophocle… et les astronomes se sont nourris de ces « retranscriptions » et ont créé un ensemble de mythes élaborés.
La mythologie Grecque abonde en métamorphoses. A travers les métamorphoses il y a révélation de ressemblances qui établissent une parenté entre tous les éléments de l’univers et de la possibilité de les transformer, ou qu’ils se transforment, les uns dans les autres.
Ceci s’applique aussi au moi de l’individu et à son identité qui sont multiples et donc incertains d’où l’abondance de noms pour le même personnage mythique.






La mythologie Grecque...(sera publié dans le prochain message)

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