jeudi 18 septembre 2008

Galilée, le géocentrisme, l'héliocentrisme, l'Eglise et la Bible

J'ai recu le message suivant de Joël Col :

Condamnation de Galilée.

La grande question qui se posait à l’époque de Galilée était : “Quel astre tourne autour de l’autre ? Le soleil autour de la terre ou la terre autour du soleil” ?
En affirmant la rotation de la terre autour du soleil, Galilée se trouvait en contradiction avec les scientifiques, les philosophes, l’Église et la Bible qui, tous, soutenaient la thèse contraire.
Or, dans mon étude “Entre Galilée et l’Eglise : la Bible”, je démontre que Galilée était en accord avec les Textes originaux hébreux et grecs, mais en désaccord avec leurs traductions. En d’autres termes, si les versions de la Bible avaient été fidèles aux Textes originaux, Galilée n’aurait pas été condamné pour avoir “tenu et cru une doctrine fausse et contraire aux saintes Écritures”.
Par cette étude, j’œuvre pour obtenir la réhabilitation officielle de Galilée et la mise en conformité des traductions de la Bible avec leurs Textes originaux qui, en aucun cas, ne peuvent être tenus responsables de la condamnation du savant.

Pour plus d’informations consulter :
http://monsite.orange.fr/erreur.verite
http://monsite.orange.fr/autoedition.meguila

Voici quelle a été ma réponse

Cher Monsieur Col,

Merci de votre message, je vais lire votre ouvrage avec grand intérêt, hélas, bien que résidant habituellement dans le Luberon je ne pourrai pas assister à votre conférence à Marseille ou Aix. Peut-être la ferez-vous à Paris où je resterai les 5 prochains mois, Sorbonne oblige.

Votre démarche m'inspire quelques réflexions que je vous livre telles quelles :

Qu'est-ce qui pouvait conduire l'Eglise Catholique du 17ième siècle à défendre le géocentrisme plutôt que l'héliocentrisme ?
Peut-être faut-il rappeler que Copernic aussi bien que Galilée ont été encouragés dans leurs recherches par certains princes de l'Eglise. L'ouvrage de Copernic a pu être publié parce que contraint ou forcé celui-ci a présenté l'héliocentrisme comme une hypothèse. Lui-même Copernic craignait que cette "nouvelle théorie" sème la discorde. C'est que nous sommes en pleine contestation de l'Eglise par la Réforme. Au delà de la science, les papes pensent à consolider l'édifice et non à ouvrir une nouvelle brèche ou ce qui pourrait apparaître comme telle. Souvenons-nous que la Réforme prône un retour stricte aux textes bibliques (même mal traduits !)
Après tout, les fidèles sont naturellement, spontanément géocentristes, c'est l'expérience, la perception commune, le soleil tourne autour de la terre, la terre est immobile. N'allons pas ouvrir un nouveau front de perturbation qui pourrait servir la Réforme.
N'oublions pas non plus que Galilée n'avait ni la retenue ni la discrétion de Copernic ou, plus tard, de Newton. Il voulait promouvoir l'héliocentrisme haut et fort et pensait que c'était l'intérêt de l'Eglise.

Par delà la situation tactique de l'Eglise devant la Réforme, il y a le fait que l'Eglise a sans doute hésité à faire descendre l'Homme du piedestal que constituait le géocentrisme :
la terre au centre de l'univers et l'Homme dessus, étage ultime, couronnement de la Création. Rien de tel pour ancrer la vision d'un Dieu personnel et d'un Homme créé à l'image de Dieu, rien de tel pour donner confiance et vigueur à un Homme encore confronté aux rigueurs et aléas d'une nature qu'il était encore assez loin de maîtriser.
Peut-être faut-il aussi y voir une tentative pour sauvegarder l'image d'une symétrie entre le tryptique hiérarchique Dieu- la terre- l'univers et le tryptique tout aussi hiérarchique Dieu-l'église-les fidèles.
Par une sorte d'ironie du sort, du moins à l'égard des ultra positivistes, l'héliocentrisme puis le "galactisme" assorti de son "big bang" ont fini par faire ressurgir l'idée de création et surtout le possible principe anthropique lequel remet l'Homme au centre du jeu, en tant que finalité de la création !

Je ne peux, cher Joël Col, qu'acquiescer à votre démarche de vérité et essayer de la faire partager.

Cordialement

Jean-Louis Dumoulin
Ansouis le 18/09/08